Raconte-moi une histoire

porteur-dhistoireQu’est-ce que l’Histoire ? Comment se mêlent histoires personnelles et grandes histoires? Où s’arrête l’histoire et où commence la fiction? Peut-on réellement les différencier ? Ce sont toutes ces questions, entre autres, que brasse Le Porteur d’Histoire, création d’Alexis MICHALIK que les 4es 1 et 2, accompagnés de leurs professeurs Mmes AlONSO, DE CAMPOS et LACAU, sont allés voir ce vendredi 13 janvier au théâtre des Béliers Parisiens.

Entraînés dans un perpétuel tourbillon, de l’Antiquité à nos jours, voyageant sur plusieurs continents, en compagnie de cinq acteurs qui incarnent une multitude de rôles, nous avons suivi la chasse au trésor de Martin MARTIN qui découvre par hasard un fabuleux manuscrit, un soir pluvieux qu’il enterre son père…

Récit foisonnant, labyrinthique et à tiroirs, cette pièce nous aura amenés à croiser personnages réels mêlés à des créatures fictives, évoluant parfois dans des situations parfois imaginaires parfois historiques, telles la peste noire ou la guerre d’Algérie. À cette richesse thématique, il fallait une grande inventivité formelle et A. MICHALIK ne nous a pas déçus.img_2004

Dans un décor souvent minimaliste, les tableaux se succèdent, d’inspiration classique ou plus moderne, reprenant les procédés de distanciation, chers à Bertold BRECHT : les acteurs se changent sur scène, des noms sont inscrits à la craie sur un tableau noir comme : Lysistrata (héroïne athénienne d’une pièce d’Aristophane qui entama une grève de l’amour pour faire revenir les maris de la guerre!).

« Montrer qu’on montre », disait B. BRECHT ; et pourtant, jeunes comme adultes, nous étions tous pris par la magie du spectacle. Nos élèves auront ainsi pu percevoir à quel point le théâtre est un lieu privilégié pour croiser histoire, récit, narration, réflexion dans un éblouissement des sens et de l’esprit.

Pour conclure, peu importe où se trouve la vérité de l’Histoire : ce que cette pièce nous rappelle, c’est que l’essentiel est peut-être tout simplement de raconter, d’interroger et de transmettre une réalité complexe et protéiforme. Et ne serait-ce pas là précisément la tâche de l’enseignant, lui aussi, à sa modeste place, Porteur d’histoires, au-delà des réformes et des contingences matérielles ?

“J’ai ouvert un livre et là je suis rentré dans l’Histoire“, dit l’une des voix de la pièce : écoutons-là et emmenons avec nous nos élèves parcourir l’Histoire et les histoires.

Sonia LACAU, professeur de Lettres